Le 22 février est une date importante pour le scoutisme du monde entier. C’est l’occasion pour commémorer l’anniversaire du fondateur du mouvement, Lord Robert Baden Powell. Cette journée permet aux ‘scouts’ de se rappeler de la Promesse Scout et qu’ils sont membres d’un mouvement mondial qui existe depuis voilà 105 ans. Le mouvement est présent à Maurice depuis 100 ans.
«Le scoutisme a éveillé en moi le besoin de servir les autres. » Prisca Ferdinand, une adepte de scoutisme, âgée de 24 ans, raconte sa vie de scout. Elle a intégré le mouvement à l’âge de huit ans. Prisca Ferdinand a appris à vivre sans ses parents, toute une semaine, depuis son jeune âge. Le scoutisme est une affaire de famille avoue-t-elle. Ses frères et sœurs y étaient également. Le scoutisme permet à l’individu de s’épanouir et à se socialiser.
«On apprend à se doucher, à faire la cuisine et à vivre avec d’autres personnes qu’on ne connaît pas. C’est une expérience qui m’a aidée à être autonome surtout quand je suis partie pour mes études en Allemagne», explique notre interlocutrice. Le plus surprenant, dit-elle, est qu’ils sont entraînés à vivre dans la nature avec peu de moyens, c’est l’occasion de se débrouiller et de trouver des solutions.
De plus, on apprend à forger un bon caractère, très jeune. Prisca Ferdinand explique que chaque membre apprend à être aimable et serviable. Leur devise : être toujours prêt à servir les autres. Elle avoue que même après avoir quitté le scoutisme, elle ressent ce besoin d’être au service des autres et s’est mise au service de l’église. Jaywunth Tannoo, âgé de 48 ans, est un vétéran du scoutisme mauricien. Ce père de famille a été initié au scoutisme très jeune et est aujourd’hui assistant commissaire général de la Mauritius Scout Association (MSA).
Depuis l’âge de 12 ans, il porte fièrement son uniforme de scout. Même s’il a dû sacrifier quelques années pour des raisons professionnelles, ce besoin de retourner au scoutisme était plus fort. Il avoue que le scoutisme l’a aidé à progresser dans la vie et surtout sur le plan professionnel. « Le scoutisme m’a aidé à forger mon caractère et vaincre ma timidité. Je communique plus facilement avec les gens .» Ce concepteur graphique se décrit aujourd’hui comme un perfectionniste, déterminé et persévérant. Il ne fait rien à moitié.
Sandrine Juste, âgée de 23 ans, raconte son expérience. Ce qu’elle retient du scoutisme, c’est il faut toujours protéger les tout-petits. Elle avoue avoir appris des valeurs fondamentales : donner, surpasser la douleur, s’organiser et travailler pour réussir. Elle ajoute que « pour aller camper, il fallait qu’on fasse des petits travaux chez des gens pour récolter de l’argent. On nous a appris qu’on ne gagne pas de l’argent facilement.»
Après avoir huit ans consacré au mouvement, Sandrine confie qu’elle en est sortie épanouie, prête à affronter les situations de la vie. « Je passe actuellement par des moments très difficiles mais les valeurs acquises du scoutisme m’aident, rien ne me fait peur. Je reste scout dans l’âme.»
Scout dans la peau.
Cela pourrait être le récit de Roumaan Isemdar. Cette jeune femme de 23 ans ne s’est jamais laissé décourager. Aucune autre activité n’a pris la place du scout dans sa vie. Elle a eu douze années fructueuses dans le scoutisme et elle est aujourd’hui chef commissaire national des louveteaux notamment ceux âgés de 7 à 11 ans. Elle jongle quotidiennement entre ses études tertiaires, sa vie familiale, ses réunions et les préparations de ses sessions de scoutisme. Roumaan Isemdar a appris à prendre des responsabilités à un très jeune âge. D’ailleurs, cela l’a aidée à s’épanouir car le scoutisme n’a pas de barrière de sexe ni de race. Elle avoue que si elle n’était pas dans le scoutisme, elle ne serait pas ce qu’elle est aujourd’hui.
Cyril Rose, âgé de 66 ans est, lui, un vieux routier du scoutisme. Il a intégré le mouvement dès l’âge de 13 ans. Cela fait donc 53 ans qu’il en fait partie. Le scoutisme, dit-il, l’a beaucoup aidé dans sa profession de comptable. « Quand on est scout, on a des lois à respecter. On devient des gens honnêtes. Tout le monde me faisait confiance au travail. La comptabilité requiert l’honnêteté et la confiance. Ce sont les valeurs importantes du scoutisme.»
Le scoutisme avec comme toile de fond la guerre…
Incroyable mais vrai. Le scoutisme a pour toile de fond la guerre ! Lord Robert Baden Powell, officier de commandement britannique durant la deuxième guerre de Boers entre 1899 et 1902 y est pour quelque chose. Cette guerre intervient entre l’Afrique du Sud, les Britanniques et les habitants de la République boers (descendants néerlandais, français et allemand). Durant cette guerre, Baden Powell, astucieux et courageux, utilise des jeunes garçons comme messagers à pied et à bicyclette.
Sa manœuvre fera les britanniques remporter cette guerre car ses petits ont bien mené leurs rôles.
Après cette réussite, il publie ses observations sous le nom de « Aids to Scouting». Le secret de sa réussite, faire confiance aux jeunes. Selon lui, le fait de faire confiance aux jeunes et de leur donner des responsabilités les aide à se développer et de se responsabiliser. Sa méthode fut prisée par la reine d’Angleterre, elle-même, et a été utilisée par beaucoup d’éducateurs. L’expérience fut appliquée pour combattre les maux de la société telle que la drogue et c’est ainsi que naquis le scoutisme signifiant éclaireur en 1907. Ce mouvement fut emporté dans les empires Britanniques et a atterri à Maurice en 1912 par Samuel Blunt de Burgh-Edwardes un Quatre-Bornais.
Y a-t-il toujours le même enthousiasme des parents à initier leurs enfants au scoutisme ?
Varidee Parsand, mère de trois enfants avoue que la décision d’initier ses enfants au scoutisme vient de son époux policier. Elle explique que ce dernier voulait que leur fille, Pamela et leur fils, Kevin fassent partie du mouvement pour les discipliner. « Leur papa voulait qu’ils soient autonomes, obéissants... Cela leur a été bénéfique. Les deux se débrouillent bien aujourd’hui. Par exemple, mon fils a appris à cuisiner. C’est lui qui cuisine pour sa femme qui fini le travail très tard. Le scoutisme a fait d’eux des personnes serviables. Il s’entraident beaucoup dans la famille», confie la mère.
Pourtant, la petite dernière, Vanessa, n’a pas été initiée au scoutisme. « Étant la plus petite, elle est très protégée. On ne voulait pas trop l’exposer à toutes ces activités. Je ne voulais pas qu’elle aille camper toute une semaine sans nous», avance la mère. Cela différencie Vanessa de sa sœur et de son frère, confie notre interlocutrice. A 30 ans, Vanessa agit toujours comme « l’enfant gâté » de la famille.
Anne Marie Létendrie confie, elle, que le scoutisme est un repère pour ses trois filles. En tant que policière, elle trouve que la discipline, le respect et être au service des autres sont des valeurs importantes pour l’épanouissement de l’individu. « C’est ce qui les a aidées à être organisées», avance la policière. Pour cette mère de famille, même si cela fait des années que ses deux filles aînées ne font plus partie du scoutisme à cause de leurs études, c’était un devoir d’initier la petite dernière. La raison : les deux filles sont très disciplinées et responsables.
La formation
7 à 11 ans : Les louveteaux et louvettes
12 à 15 ans : Les Scouts
16 à 19 ans : Les Adventurers
20 à 26 ans: Les Rovers
26+ ils deviennent Chef ou même avant parfois dépendant de leur progression
Est-ce qu’on peut concilier études et scoutisme ?
Nombreux ont pu voir les jeunes à l’œuvre sur les plages lors de leur camping ou pendant les vacances scolaires faisant le ménage chez les gens pour récolter des fonds. Est-ce que le scout se résume à cela ? Non, nous dit le commissaire général de la Mauritius Scout Association, Danielo Ramsamy. A travers des activités éducatives non formelles, avance notre interlocuteur, les jeunes apprennent à s’entraider, à respecter autrui et à être disciplinés. Est-ce que les jeunes arrivent à gérer tout ça ?
Pour Warren Désiré, c’était difficile de concilier études et scoutisme. Même s’il a y vécu de très bons moments pendant six ans et a beaucoup appris, il a dû faire un choix en Form V. Ce jeune homme jonglait entre études, sport et scoutisme. C’est alors qu’à 16 ans il abandonne le scoutisme pour se consacrer à ses études. Aujourd’hui, âgé de 31 ans, il y repense avec un pincement au cœur. « J’ai abandonné le scoutisme pour me consacrer à mes études. J’avais peur de ne pas pouvoir gérer mon temps», confie-t-il.
Roumaan Isemdar, de son côté, avoue fièrement que son engagement au scoutisme n’a nullement influencé ses bonnes performances aux études. Elle est actuellement étudiante en troisième année en Science politique à l’université de Maurice. Son secret : « Savoir gérer son temps, rester fidèle à son engagement et ne jamais négliger les priorités. » Elle avoue que ce n’est pas toujours simple. Toutefois, son amour pour le scoutisme et son envie de former les tout-petits l’aident à gérer son temps et à se mettre au service des autres.
Danielo Ramsamy (Commissaire Général de la Mauritius Scout Association) : « C’est une expérience enrichissante »
> Parlez-nous du scoutisme à Maurice…
Le scout à été fondé par un groupe de jeune dont Samuel Blunt de Burgh-Edwardes était l’initiateur à Maurice. Cette année le scoutisme mauricien devient centenaire. Nous avons de plus en plus de jeunes très motivés. Il est primordial de savoir que le scoutisme n’implique pas que des campings. C’est un mouvement éducatif non formel pour les jeunes et moins jeunes dès l’âge de sept ans. Les enfants apprennent les valeurs de la vie telle que la discipline, le respect et l’entre-aide. C’est une expérience enrichissante que beaucoup n’oublieront jamais.
> Est-ce que les jeunes sont toujours aussi motivés qu’avant ?
Définitivement oui. Nous comptons à ce jour 3 500 membres dont 2 800 jeunes. On ne peut donc pas dire le contraire. Il y a certes tout plein de divertissements de nos jours mais il y a toujours cet engouement pour le scoutisme. Nos jeunes sont très motivés, il y a une soif du scoutisme. C’est surtout le partage et les activités qui les motivent.
> Justement en parlant de divertissement, trouvez-vous que le scoutisme aide suffisamment les jeunes à ne pas s’aventurer dans la drogue ou l’alcool ?
Vous savez, le scoutisme à Maurice est composé de jeunes venant des milieux difficiles. Ils sont nombreux à être à la recherche d’activités pour s’occuper donc je devrais dire oui, cela les aide à ne pas tomber dans des fléaux. On touche beaucoup de jeunes et on les forme à l’école de la vie. C’est une façon pour eux à ne pas se laisser tenter par les fléaux. Si un jeune à une occupation, il n’ira pas chercher ailleurs.
> Qu’en est-il des parents ? Sont-ils toujours motivés à initier leurs enfants au scoutisme et aux activités que vous faites.
Les parents font confiance au mouvement. C’est ce qui nous fait progresser. Quand on prend la responsabilité des enfants, on s’assure que tout se passe bien et les parents le savent. Si on forme les enfants à devenir adulte et responsable, on ne peut pas agir en irresponsable nous-mêmes en mettant leur vie en péril.
Source: DéfiMédia
Sonia Adam