Saturday 18 February 2012

À l’école – Des mesures pour contrer l’indiscipline

À l’école – Des mesures pour contrer l’indiscipline
La discipline est très importante dans une institution scolaire. Faut-il pour autant investir dans des « mesures drastiques » pour éviter des dérapages parmi les élèves ? Néanmoins, ces méthodes sont considérées comme des remparts.
 
Les caméras de surveillance ont fait leur apparition pour veiller à la sécurité. Elles sont placées dans des endroits stratégiques des bâtiments, des artères, sur la Nationale, afin de décourager les malfrats. Les responsables des établissements scolaires ont choisi, eux, ce gadget, comme un moyen pour combattre l’indiscipline. C’est ainsi que dans plusieurs collèges privés ou publics, des caméras sont installées pour « limiter les dégâts. »

C’est en 2006 que le City College de Port-Louis installe des caméras de surveillance. Le manager Rashid Soobadar explique que les caméras sont placées dans les 42 salles de classe, dans la cour et à l’entrée des toilettes. Cet établissement a investi non seulement dans l’installation de caméras, mais également dans des Talkie-walkies et des détecteurs de métaux. L’objectif n’est pas de faire peur, mais d’avoir un moyen de prévention. Une fois qu’une action inhabituelle est détectée, les responsables agissent promptement. L’élève est convoqué et est mis devant ses responsabilités. Ses parents le sont aussi. « Notre but n’est pas de faire peur aux enfants, mais de les mettre devant leurs gestes et les aider à bien se comporter », souligne le manager.

La direction ne souhaite pas s’arrêter là, elle compte maintenant investir dans des détecteurs de fumée qu'elle placera dans les toilettes. Toutefois, le responsable reconnaît qu’il a affaire à des adolescents et que les bêtises sont courantes. « Nous n’agissons pas dans tous les cas, tout dépend de la gravité de l’action. Ce sont encore des enfants, et il faut les comprendre… », avoue-t-il.

Au collège SSS James Burty David de Bell-Village, c’est un partenariat entre l'association des parents d’élèves et l’établissement qui a abouti à l’installation de caméras. Le recteur Afhmez Oozeer nous confie que ce projet date de trois ans et s’est concrétisé en deux phases. La première a été installée l’année dernière et la seconde avant la grande rentrée 2012.

Génération difficile
Patrick Wong Sao Tien, le président de la PTA affirme que les parents ont voulu aider la direction du collège à maintenir la discipline au sein de cet établissement. Ils ont ainsi fait la proposition qui a été tout de suite acceptée. « Nous sommes conscients que cette nouvelle génération n’est pas facile à gérer. Les garçons prenaient les vitres et les laissaient tomber juste pour entendre le bruit de vitres brisées. Des graffitis étaient tagués sur les murs. Les enseignants et les responsables avaient beaucoup à faire pour maintenir l’ordre. Nous sommes ainsi venus de l’avant en proposant l’installation de caméras. Nous sommes heureux que le taux d’indiscipline au sein de cet établissement ait connu une baisse… », lâche-t-il.

L’arrivée des caméras n’a pas reçu un accueil chaleureux parmi certains élèves. Ils savent qu’ils sont surveillés. Bhavish Chutturdharry, le président du Student Council, déclare que cela aide à mieux contrôler les faits et gestes des garçons. Ce jeune homme de Upper VI affirme que ce serait un avantage de placer des caméras dans toutes les salles de classe et dans des lieux stratégiques. « En cas de bagarre, il est facile d’intervenir. Les caméras aident à maintenir la discipline et c’est un avantage pour le collège… », poursuit-il.

La SSS Sir Abdool Razack Mohammed de Port-Louis a aussi investi dans des caméras. Le recteur Yugesh Panday estime qu’en visionnant les images à son bureau ou chez l’usher (Conseiller principal d’éducation) , cela permet d’avoir un meilleur contrôle. Il reconnaît que les caméras ne résoudront pas définitivement le problème de l’indiscipline, mais elles contribuent à décourager les élèves dans leurs actions. Au cours de la journée, l’usher et les profs font leurs rondes. Plusieurs autres moyens sont utilisés pour maintenir l’ordre. Les responsables ont recours à une fiche qui prend en compte le comportement des élèves. Ainsi, sur la fiche, il est inscrit toutes les actions qui sont commises et les points sont déduits, dépendant de la faute.

Au Sir Abdool Raman Osman State College de Phoenix, les responsables comptent installer 24 caméras d’ici la fin de ce trimestre. Comptant 878 élèves de la Form I-VI, le collège compte actuellement 16 caméras. Jaynarain Bindah, le recteur, affirme que ces instruments sont un moyen pour décourager l’indiscipline parmi les élèves. Il reconnait qu’il y a certains problèmes, mais qui ne sont pas exagérés.

Le Student Tracking
Le ministère de l’Éducation a introduit un nouveau système : le Student Tracking. Il a pour but de mieux contrôler les élèves qui entrent dans le circuit scolaire et de s’assurer qu’ils y restent jusqu’à l’âge limite obligatoire. Il est ainsi de la responsabilité des maîtres d’école et des recteurs d’envoyer des renseignements détaillés de chaque élève. Moonsamy Sunassee, président de la Mauritius Headteachers Association, affirme qu’il a reçu plusieurs plaintes de ses membres, arguant que ce travail a besoin de la capacité d’autres personnes pour le faire.

L’indiscipline : le symptôme de la maladie
Selon le pédagogue Faizal Jeeroburkhan, l’introduction de l’alerte SMS et celle des caméras de surveillance ne sont que des échappatoires au gros problème de l’indiscipline. « Le système éducatif est malade. Et l’indiscipline n’est qu’un symptôme. Il faut chercher la source, et l'attaquer. Il faudra en fait revoir le système dans sa globalité. Les temps ont changé, ce n’est pas en brusquant les jeunes que nous allons régler le problème de l’indiscipline. Il faut être diplomate et venir de l’avant avec des méthodes plus prudentes », soutient-il. Il souligne que la discipline commence tôt, au sein de la famille. Et que l’éducation des parents devient indispensable, car « beaucoup d’entre eux ne savent pas comment développer la relation avec leurs enfants ». À titre d’exemple, on force l’enfant à étudier des matières qui ne l’intéressent pas.

Ci-dessous une liste de ses propositions :

  • Revoir la direction de l'école de manière à ce qu’il y ait plus de dialogue entre elle et les élèves, voire même avec les enseignants. « Il faut remplacer la culture de la méfiance malsaine par celle de la confiance », explique-t-il.
  • Remanier le curriculum qu’il décrit comme
  • « dépassé » afin de le rendre attrayant pour que l’apprentissage ne soit pas une corvée.
  • Réviser la méthode d’enseignement. « On fait du bourrage de crâne, et on transforme les étudiants en des encyclopédies mobiles. Or, il nous faut une pédagogie active, basée sur la psychologie de l’adolescent. »
  • Rétablir la relation entre les enseignants et les élèves « qui sont souvent à couteaux tirés ». Pour raison, l’enfant doit se sentir aimé, valorisé et encadré par le prof. Et pour cela, il faudra revoir la formation de l’enseignant...
  • Créer dans la classe une atmosphère attrayante basée sur la discipline. La complicité entre les enseignants, les élèves et l’administration de l’école est primordiale.
  • Introduire dans le curriculum, l’éducation des valeurs.
  • Modifier la façon d’évaluer les élèves.
  • Renforcer le lien entre les parents et l’école car les deux jouent un rôle prépondérant dans la formation de caractère de l’enfant.
Source: DéfiMédia
Annick Daniella Rivet

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