Sunday 15 January 2012

Rentrée scolaire – Le train en marche pour 265 258 élèves

C’est reparti. La grande rentrée scolaire a eu lieu cette semaine. Entre nouveautés, failles, retrouvailles, pleurs, nouvel environnement, le ministère de l’Éducation a mis tous les atouts de son côté pour que l'exercice se passe pour le mieux. 
 
Finies les vacances. 265 258 élèves ont pris ou repris le chemin de l’école. Pour les nouveaux, ils ont eu une entrée spéciale. Les enfants qui passent du préprimaire au primaire ont eu droit au programme « Bridging the gap » qui vise à leur donner une entrée en douceur. Chaque année, le ministère de l’Éducation s’assure de la formation des enseignants engagés dans ce programme, introduit il y a sept ans. Ils ont eu droit à une formation au niveau de leurs zones respectives. Ainsi, ils se sont familiarisés avec le matériel à être utilisé avec les enfants. Le Bridging the Gap prévoit que durant le premier trimestre, les enfants s'adonnent aux chants, à la poésie, aux jeux et aux dessins. C’est aussi le cas au secondaire où les élèves doivent s’habituer à leur nouvel environnement. Les enseignants veilleront à ce qu'ils aient toutes les chances pour réussir leur scolarité.

Introduction du Kreol Morisien
La rentrée en Std I a été marquée par l’introduction du Kreol Morisien. Le Dr Vasant Bunwaree, ministre de l’Éducation, a d’ailleurs lancé le matériel du Kreol Morisien à l’école primaire du Morne, mercredi.

Ils sont 3 321 enfants, soit 22.6 % de l’ensemble des admis en Std I à avoir opté pour cette langue. Il n’est pas à écarter que les enfants qui prendront cette matière en 2012 soient confrontés à des examens, tout comme pour les autres matières. Le Kreol Morisien sera enseigné dans les écoles trois fois par semaine. Chaque séance dure 50 minutes.

La formation des cadres s’est tenue au Mauritius Institute of Education (MIE). « Au total, 82 enseignants – stagiaires, titulaires, de Maurice, de Rodrigues, des écoles d'État et des écoles catholiques – ont été formés en vue de l’introduction du Kreol Morisien en Std 1 », nous explique Nita Rughoonundun-Chellapermal, responsable de la Mauritian Kreol Unit au MIE. Elle soutient que : « La formation offerte aux enseignants de Kreol Morisien par le MIE a eu lieu le semestre dernier (d’août à décembre 2011). Cette formation à plein temps a été organisée en six modules (225 heures de formation). Elle a été sanctionnée d'une série d’examens en décembre 2011. Une formule d’accompagnement est également prévue pour les deux premiers trimestres scolaires dans le but d’assurer un encadrement et un suivi adéquats du projet et de répondre aux besoins des enseignants. »

Le Kreol Morisien sera enseigné au même titre que les autres langues optionnelles enseignées à l’école, à la différence près qu’il s’agit de la langue maternelle de la majorité des enfants mauriciens. Nita Rughoonundun-Chellapermal soutient qu’il s’agit également d’une langue qui a une valeur particulière sur les plans identitaire et culturel à Maurice. « Toutes les spécificités du Kreol Morisien ont été prises en compte lors de l’élaboration à la fois du programme d’études et du matériel pédagogique prévu à l’intention des enseignants et des élèves. La première partie du Kaye zelev, accompagnée du Liv professer, est déjà prête et sera certainement exploitée dès le début de l’année. Elle met l’accent sur l’accueil des enfants à l’école primaire, mais elle est surtout organisée en quatre unités qui permettront de développer les compétences langagières et les facultés cognitives dans la discussion et l’échange », dit-elle.

Il faut savoir que le Kreol Morisien a aussi été introduit à Rodrigues. Toutefois, certaines voix se sont élevées affirmant qu’il serait préférable que les enfants apprennent une autre langue étrangère. Le Kreol Morisien peut être compliqué pour les enfants à cause des différences dans la façon de dire certaines choses.

La responsable affirme que : « pour ce qui est de la situation à Rodrigues, les décisions liées à l’introduction du Kreol ne relève pas directement du MIE, mais d’autres instances. Pour notre part, nous estimons légitimes certaines réserves émises par Rodrigues à propos de cette introduction. Toutefois, aucune formule précise n’a encore été adoptée. Les consultations avec les parties concernées à Rodrigues ont toujours lieu et une formule définitive devrait être adoptée plus tard au courant du trimestre. Pour notre part, nous sommes disposés à tenir compte des spécificités du Kreol à Rodrigues si on nous le demande. »

Craintes sur le Kreol Morisien
Les examens du CPE sont appelés à disparaître dans leurs formes actuelles. Ashik Junglee, conseiller technique auprès de la General Purpose Teachers Union (GPTU) insiste que 2012 est cruciale pour le gouvernement, s’il souhaite voir du changement. « Pour qu’il y ait un changement dans le domaine de l’éducation, il faut au minimum une période moratoire de deux ans. Donc, si nous voulons voir des changements en 2014, il faut commencer maintenant. Nous n’avons pas le choix, puisque notre système éducatif a commis tellement de dégâts en construisant une société égocentrique. 2012 sera une année de tous les défis dans l’éducation. »

Le conseiller accueille l’introduction du Kreol Morisien comme langue d’épanouissement à bras ouverts. Toutefois, il émet beaucoup de réserves comme langue d’avenir. « Le Kreol Morisien doit évoluer comme une langue étrangère. C'est tant mieux si cela peut aider les enfants à conceptualiser les autres langues. Je pense fermement que l’apprentissage du Kreol Morisien causera des dommages irréversibles à la langue française de par sa proximité phonétique et graphique. Il nous faut avancer avec beaucoup de précautions. »

Introduction du Bhojpuri
Le Bhojpuri a été introduit sur une base optionnelle cette année en Std I. Cette langue est enseignée dans les classes d’hindi. Les enseignants utiliseront une pédagogie moderne qui s’adresse aux besoins de l’enfant. Des dessins animés, des chansons, des contes et du matériel préparé principalement dans cette langue seront les outils pour l'enseignement du Bhojpuri.

Suttyhudeo Tengur, president de la Government Hindi Teachers’ Union soutient que: « si le Bhojpuri est enseigné pour preserver notre culture à la maison et au sein des baïtkas, il n’y a pas de problème. D’un point de vue économique, ce n’est pas bon. Aujourd’hui, nous utilisons des langues internationales pour nos échanges sur le point de vue économique et international, et le Bhojpuri, qui sera enseigné, n'est pas aussi populaire chez les Mauriciens ».

Bernard Betsy : « Aucune rencontre avec la Santé depuis deux ans »
Les cantines sont indispensables au sein des établissements scolaires. Elles ont pour but d’offrir un repas sain aux élèves. Soucieuse d’offrir une alimentation saine aux élèves, les autorités ont établi une liste de produits acceptables dans les cantines. Bernard Betsy, président de l’association des cantiniers qui regroupe plus de 400 cantiniers, déplore le manque de consultations avec le ministre de la Santé. « La dernière rencontre que nous avions eue avec un ministre de la Santé remonte à plus de deux ans. Rajesh Jeetah était alors à la Santé. Depuis, aucune rencontre ni avec les ministres suivants ni avec les officiers de ce ministère.

Nous avons des propositions à faire pour la bonne marche de nos cantines afin d’offrir un repas sain aux élèves... »  Parmi les mets proposés, il y a les 'mines' sautées. Le président précise que ce ne sont pas des mines frites. « Il y a une grande différence entre les 'mines' frites et les 'mines' sautées. Les mines frites sont faites avec de l’huile, alors que les 'mines' sautées sont préparées avec de l’eau, du vinaigre, du sel et du poivre. »

Les cantiniers sont conscients de leurs responsabilités à offrir des repas sains aux enfants. Le président rappelle que ses membres veulent collaborer avec les autorités.

Business as usual à la RCEA
La rentrée dans les 46 écoles de la Roman Catholic Education Authority se prépare habituellement au mois de décembre. Alain Doolub, le responsable, nous confie que les responsables d’écoles rencontrent les parents de ceux qui seront admis en Std I parce que l’éducation des enfants se fait en collaboration. Dès le premier jour, les enfants sont accueillis avec le programme « Welcome to School » où l’enfant apprend que l’école est un endroit où il fait bon vivre. Puis, pendant trois à quatre semaines, il a droit au programme « Getting to know you » qui consiste à familiariser l’enfant à son nouvel environnement.

Le kreol Morisien sera aussi une réalité dans ces écoles. Ayant un manque de profs, le ministère de l’Éducation a dépêché 11 profs pour tenir les classes. Une évaluation du travail au niveau de cette matière aura lieu le 19 prochain.

Bus scolaires : aucune augmentation

Le transport scolaire est un moyen par excellence utilisé par les parents pour leurs enfants. Pour cette rentrée 2012, Nazir Jugee affirme qu’il n’y a aucune augmentation en vue. « Pour le moment, il n’y a pas de problème, les parents doivent être rassurés. Il n’y a aucune augmentation en vue… » En moyenne, le prix pratiqué est de Rs 600, mais cela varie de la distance, soutient le président. Notons que ces chauffeurs prennent à cœur ce travail puisqu’il y va de la sécurité des enfants qui se trouvent dans leurs véhicules.

À l’école en attendant les résultats du SC
Après les examens du School Certificate, (SC), de nombreux candidats restent chez eux en attendant les résultats. Dans la pratique, il y a toujours un flottement à ce niveau, constate Vikash Ramdonee, enseignant. Toutefois, une circulaire du ministère de l’Éducation demande à ces derniers de reprendre les cours même s’ils attendent leurs résultats. Même son de cloche pour les élèves qui sont en Upper VI. Tous les cours se déroulent normalement, même si la classe verra le nombre de ses élèves augmenter après les résultats du Higher School Certificate (HSC). « Nous avons un programme d’études de deux ans à compléter et il n’est pas conseillé de perdre du temps en restant à la maison. La meilleure des choses à faire est de venir au collège pour étudier… », affirme Soondress Sawminaden, président de l’association des recteurs.

Achat de livres
Il existe environ 6 700 élèves qui ont droit aux facilités offertes aux « needy students », dont les parents ont droit à une aide sociale. Cette aide prend en considération les ressources et les besoins des familles. Ainsi, si les élèves se trouvent dans cette catégorie, du matériel scolaire leur est offert gratuitement. De plus, suite à une décision du gouvernement, chaque collège doit maintenant les acheter pour ses propres élèves et le remboursement se fera par la suite à travers le ministère de l’Éducation ou à travers la Private Secondary School Authority  (PSSA). 

Source: DéfiMédia
Annick Daniella Rivet

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